Pierre Morel à L’Huissier : « Le concept juridique d’hyper-ruralité doit devenir une réalité »

Conceptualisée par le Sénateur de Lozère Alain Bertrand, cette notion n’a pas été à ce jour intégrée au droit positif.

Elle est pourtant bien réelle. Dans une étude publiée le 30 avril 2021, l’INSEE a finalement modifié la conception statistique et reconnait l’existence des communes « très peu denses » qui représentent 26% du territoire et accueilleraient 5,4% de la population.

Pour Pierre Morel à l’Huissier, « Au-delà du concept, ces territoires hyper-ruraux se distinguent, outre la faible densité de population, par un fort vieillissement de sa population, un enclavement fort, des ressources financières limitées, un manque d’équipement et de services publics, un éloignement des pôles de décision, des difficultés d’accès au numérique, aux soins, aux établissements scolaires et des difficultés de mobilité.

À ce jeu, les territoires hyper-ruraux sont par exemple systématiquement privés d’implantations en matière d’enseignement supérieur ou de recherche.

Ces territoires hyper-ruraux ne sont pour autant pas des territoires de seconde zone. Ils sont des acteurs clés en matière de production agricole et peuvent l’être également en matière de patrimoine, de zones d’expérimentation et de solidarité comme cela est le cas de la Lozère en matière de handicap. Dès lors, ces territoires sont à voir avant tout comme sources d’opportunités.

Il s’agit désormais pour l’action publique de mettre en place des politiques adaptées à ces réalités plurielles.

À ce titre, j’ai pris un certain nombre d’initiatives ces derniers mois pour tenter d’apporter des réponses à l’hyper-ruralité en réaffirmant les zones de revitalisation rurale (ZRR) dans le PLF 2021 et en déposant des propositions de résolution pour sanctuariser la présence d’un hélicoptère à l’année et garantir à tous un accès au service médical d’urgence à moins de 30 minutes, ou encore pour que l’État s’engage à maintenir les petites lignes ferroviaires, en défendant dans le projet de loi dit 4D une réforme des ARS en vue d’améliorer la réponse médicale, en défendant les petits collèges ruraux pour leur maintien, en promouvant le télétravail comme outil d’émancipation de nos zones rurales ou encore en faisant adopter à l’unanimité la loi Morel sur la protection du patrimoine sensoriel rural.

Tout ceci témoigne d’une prise en considération de notre monde rural, mais surtout d’un manque de conception globale de l’hyper ruralité qu’il convient de reconnaitre et de faire valoir. ».