Crise agricole : le Ministre de l’agriculture est à côté de la plaque

A la suite de mon intervention à l’Assemblée nationale  lors de la séance des Questions d’Actualité au Gouvernement, ce mercredi 16 décembre, sur la crise du monde agricole, le  Ministre de l’agriculture n’a visiblement pas compris l’exaspération du monde agricole. Dans sa réponse, il est totalement à côté de la plaque. On ne lui demande pas de faire de la politique politicienne, on lui demande des actes concrets visibles sur le terrain et qui donnent des résultats. La politique qui est conduite aujourd’hui n’est absolument pas satisfaisante, les accords qui ont été obtenus ne sont pas respectés. Les prix ne sont pas là.

Son auto-satisfecit est une insulte à tous les agriculteurs qui triment tous les jours pour arriver à joindre les deux bouts tant bien que mal. A travers ses propos, il confirme que le Gouvernement a abandonné purement et simplement l’agriculture française.

 

Retrouvez ici la vidéo de mon intervention  et ci-dessous l’intégralité de mon intervention et la réponse du Ministre de l’agriculture

 

Assemblée nationale – XIVe législature – Session ordinaire de 2015-2016

Première séance du mercredi 16 décembre 2015

Extrait du compte rendu intégral http://www.assemblee-nationale.fr/14/cri/2015-2016/20160089.asp#P688959

 

Politique agricole

M. le président. La parole est à M. Pierre Morel-A-L’Huissier, pour le groupe Les Républicains.

M. Pierre Morel-A-L’Huissier. Monsieur le ministre de l’agriculture, de l’agroalimentaire et de la forêt, les agriculteurs se meurent et la France regarde ailleurs. Être agriculteur aujourd’hui, c’est travailler sept jours sur sept, sans compter ses heures, et perdre de l’argent. Être agriculteur aujourd’hui en France, c’est vivre dans l’angoisse permanente de la faillite. C’est aussi, par conséquent, un risque de suicide multiplié par trois par rapport aux autres catégories socio-professionnelles.

Les agriculteurs, éleveurs de bovins, de porcs, producteurs de lait, de fruits et de légumes et d’autres encore, sont étranglés par la chute des prix qui ne leur permet pas de couvrir leurs coûts de production. Ils vous appellent désespérément à l’aide depuis des mois, manifestant un peu partout et menant des opérations coup de poing à Caen, au Mont-Saint-Michel, à Bruxelles, à Paris et dans de nombreuses zones rurales et de montagne.

Le fond du problème, vous l’avez dit ici même la semaine dernière, monsieur le ministre, c’est la question des prix. Pourquoi l’écart continue-t-il de se creuser entre les prix de vente dérisoires des agriculteurs et les prix toujours plus élevés que paient les consommateurs au supermarché ? En septembre dernier, en réponse à la manifestation des tracteurs à Paris, qui avait été largement soutenue par la population française, le Premier ministre avait annoncé un plan pour soutenir les agriculteurs. Mais force est de constater que le compte n’y est pas, ni dans la loi de finances pour 2016, ni dans la loi de finances rectificative pour 2015.

Certes, quelques réponses ont été apportées dans l’urgence, mais il faut faire plus que poser un pansement pour stopper l’hémorragie. Les agriculteurs attendent des réponses structurelles de moyen et long termes pour redonner du souffle à leurs exploitations. Elles doivent porter non seulement sur les prix, mais également sur le niveau des charges, sur la simplification des normes et sur la recherche d’innovation. Quelles garanties pouvez-vous donner aux agriculteurs français pour qu’ils ne se sentent plus oubliés ?

M. le président. La parole est à M. le ministre de l’agriculture, de l’agroalimentaire et de la forêt.

M. Stéphane Le Follministre de l’agriculture, de l’agroalimentaire et de la forêt, porte-parole du Gouvernement. Monsieur le député, il est légitime que vous posiez au ministre de l’agriculture une question sur la situation de l’élevage. (Exclamations sur les bancs du groupe Les Républicains.) En revanche, il n’est pas acceptable que vous disiez que la France regarde ailleurs. (Mêmes mouvements.)

M. Christian Jacob. Pour qui se prend-il ?

M. Stéphane Le Follministre. Pour un ministre qui répond à un député, monsieur Jacob !

Lorsque nous sommes confrontés à des crises, nous devons examiner la situation avant d’apporter des réponses. La France a agi en faveur du budget européen de l’agriculture, alors que, lorsque nous sommes arrivés, ce budget était presque de moitié moindre. (Applaudissements sur de nombreux bancs du groupe socialiste, républicain et citoyen.) À ce titre, la négociation du Président de la République a été exemplaire.

Lorsqu’il a fallu négocier la politique agricole commune, nous avons rétabli des aides qui avaient pratiquement disparu – notamment les aides couplées pour l’élevage que vous aviez gentiment oubliées.

M. Pierre Lequiller. Agressif !

M. Stéphane Le Follministre. Il nous a fallu traiter la crise du lait, après que vous avez décidé de mettre fin aux quotas laitiers. De la même manière, nous aurons à traiter la question de la fin des quotas sucriers. Ce sont autant de décisions qui nécessitent que l’on soit aux côtés des agriculteurs. Le plan de 700 millions d’euros que nous avons mis en place va s’appliquer très prochainement, alors que, lors de la crise du lait en 2008 et 2009, il a fallu attendre un an pour que vous versiez des aides.

M. Pierre Lequiller. C’était il y a longtemps !

M. Stéphane Le Follministre. Notre plan a été créé en septembre et nous commencerons à verser des aides dès la fin de cette année. S’agissant de l’agriculture, chacun doit bien voir ceux qui agissent et comment ils agissent. (Exclamations sur les bancs du groupe Les Républicains.)

M. Pierre Lequiller. Agressif !

M. Stéphane Le Follministre. Par ailleurs, pour conclure sur la question des prix, nous devons protéger notre marché. Qui a mis en œuvre la traçabilité pour la viande de France ? C’est l’ensemble des interprofessions avec le ministère de l’agriculture !

M. Sylvain Berrios. Ce n’est pas la question !

M. Stéphane Le Follministre. Le prix mondial des exportations, qui sont la force de la France, a aussi un impact sur les prix nationaux. Nous avions fait des propositions. Nous avons remonté les prix, quand d’autres ont décidé de faire autrement. Chacun devra assumer ses responsabilités. (Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste, républicain et citoyen.)