Pour un vrai débat sur l’éolien en Lozère

« Un rappel du contexte est nécessaire : le Schéma Régional Eolien, annexe du Schéma Régional « Climat Air Energie », adopté par le Conseil Régional au printemps dernier, a fixé le potentiel éolien du Languedoc-Roussillon à 2.000 MW en 2020, contre 475 MW en 2012. Sur cette base et au vu des conclusions d’une étude réalisée en 2012 sous l’égide des services de l’Etat en Lozère, la capacité optimum affectée à notre département serait de 120 MW, alors qu’à ce jour, la puissance installée est de 22,58 MW pour 13 éoliennes implantées sur 3 sites. En clair, au cours des 7 prochaines années, il est prévu de sextupler la production d’énergie éolienne en Lozère en installant 45 machines supplémentaires.

Je l’ai déjà affirmé en son temps. Je le confirme aujourd’hui avec force : une démarche exclusivement fondée sur des critères quantitatifs est viciée dans son principe même, car elle aboutit à fixer des « quotas » de production d’énergie éolienne dans chaque département. Cette vision productiviste est insatisfaisante et discutable au regard des enjeux liés aux sensibilités paysagères et naturalistes en Lozère.

Je veux être clair : je ne souhaite développer aucun réquisitoire contre l’énergie éolienne, pas davantage que contre les autres sources d’énergie renouvelables. Je suis pleinement conscient des problèmes posés par les énergies fossiles : ma position résolue contre l’exploration et l’exploitation des gaz de schiste en atteste.

Il s’agit de poser les vraies questions : que veut-on pour la Lozère ? Souhaite-t-on ou non préserver les paysages qui représentent l’atout essentiel d’une politique d’aménagement du territoire sur un territoire entièrement classé en zone de montagne ? Veut-on ou non une agriculture durable, une forêt en développement maîtrisé ? Est-il compatible de défendre une « culture » du paysage lozérien, au travers du Parc National des Cévennes, des 20 sites « Natura 2000 » dont 17 classés d’intérêt communautaire, des ZNIEFF, du Grand Site des Gorges du Tarn et de la Jonte, du classement des Causses et des Cévennes au patrimoine mondial de l’UNESCO, des démarches de préfiguration des Parcs Naturels Régionaux de l’Aubrac d’une part, des Sources et Gorges du Haut Allier d’autre part, et dans le même temps autoriser des éoliennes sur les crêtes des reliefs, en totale contradiction avec les conclusions de l’étude de 2012 ? Est-il acceptable que la seule Margeride soit la « terre d’accueil » de l’éolien en Lozère, accréditant l’idée que cette région naturelle serait moins noble que les autres ?

Notre territoire recèle un potentiel d’énergies renouvelables qui mérite toute notre attention : le solaire photovoltaïque ou thermique, l’hydroélectricité, la biomasse et notamment le bois-énergie, la géothermie. A ce jour, aucune étude n’a été réalisée pour mesurer ce qui pourrait être une contribution équilibrée à l’effort de valorisation des énergies renouvelables en Lozère. Cet effort ne peut être limité à la seule énergie éolienne. L’absence de réflexion globale disqualifie ainsi les projets de parcs éoliens programmés, d’autant plus que leur promotion semble fondée sur les seuls avantages financiers octroyés aux communes ou aux propriétaires fonciers concernés. S’est-on seulement interrogé sur les compensations envisagées pour les autres communes directement impactées sur le plan visuel par des lignes de crête colonisées par les parcs éoliens ?

Des citoyens des représentants d’associations et des élus ont déjà livré leur analyse, dans ces mêmes colonnes : le maire honoraire de La Fage Montivernoux, un cadre d’entreprise, un responsable associatif ont ainsi fait valoir leurs arguments. Cette libre expression doit être élargie au plus grand nombre pour que des réponses soient enfin apportées aux questions cruciales restées en suspens.

Le commissaire-enquêteur chargé du projet de parc éolien de Champcate (Chastel-Nouvel et Rieutort de Randon) a lui-même récemment reconnu dans ses conclusions, à l’appui de son avis défavorable, « … au niveau du département une situation confuse qui risque de perdurer… ». De son côté, le Préfet de la Lozère a publié une circulaire imposant une concertation publique pour tout projet ayant un impact environnemental.

On l’aura compris : l’enjeu n’est pas de réaliser un sondage « pour ou contre l’éolien », mais bien davantage d’ouvrir un vrai débat démocratique où chacun pourra s’exprimer sur la problématique des énergies renouvelables en Lozère. L’éolien en fait partie. » 

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